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Le carnet de Chourap

15 décembre 2012

Parce que...

CHOURAP Arbre reflet

Simplement pour saluer les visiteurs de ce blog.

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13 décembre 2012

« Il est dingue le voisin !... »

Je suis debout, le nez collé à la fenêtre. L'hiver ne s'est pas encore installé mais il a déposé quelques feuilles mortes en guise de programme. J'observe les jardins au repos. Ils ressemblent à des enclos vides de sens et d'espoirs pour celui qui n'ouvre pas les yeux.
J'ai laissé les petites lumières de la cuisine allumées. Quel bonheur d'avoir un fils adroit de ses mains ! J'aime bricoler et ma foi, sans vouloir prétendre à une quelconque perfection, je me sors bien des bricolages que j'entreprends. Toutefois, l'électricité est un domaine plus apparenté à la magie qu'à la technicité... Du moins, en ce qui me concerne.
La pièce est ainsi éclairée tout en douceur. Les choses y prennent plus de valeur. Chacune y est à sa place, aucune ne semble s'ennuyer. Aucune ne semble avoir envie d'aller voir ailleurs. Malgré les apparences, ce monde n'est pas figé. À l'heure des repas, les danseurs se mettent en place. Valse des assiettes, tango des fourchettes, rumba des salières, et j'en passe. Sans oublier le flamenco de la cuiller de bois au fond de la casserole où quelques haricots flirtent encore avec un reste de saucisse de Toulouse...
La table se lance à l'assaut de la fenêtre, s'étirant tout en bienveillance, afin que les convives puissent se poser sans appréhension. La parole se libère, les langues se délient, les regards s'entrelacent et les épaules se frôlent gentiment.
Il fait bon.
Dehors, l'herbe de mes quelques mètres carrés exhibe une superbe coupe élégante. L'émotion provoquée par le passage de la tondeuse se fait encore sentir... la dernière tonte de l'année ne sert finalement qu'à pulvériser et ramasser les dernières feuilles mortes. Une opération qui provoque chez mes voisins un étonnement bienveillant.
« Il est dingue le voisin !... »
A mon avis, ils ont raison, mais ceci est une autre histoire...

chourap 002 121212 graminées

13 décembre 2012

Printemps

J'avais à peine vingt ans.
Quand on demandait son âge à Michel, il répondait : J'ai trente et un ans mais pas trente et un printemps... Quelques-uns tout au plus...
Je me souviens de ce regard qu'il me lançait alors, nous en avions bien discuté de ces années et de ces printemps.
Un matin, alors que nous rentrions d'une nuit un peu trop longue, nous nous sommes assis sur un coin du Monde.
Et nous avons parlé. Je me souviens d'avoir dit des choses...
Nous avons parlé des hiers et des avant-hiers, et des demains et des après-demains.
Et des couchers de soleil solitaires.
Et des nuits sans lune.
Et des jours sans pain.
Je me souviens de ces mots qui bondissaient de nos bouches en tremblotant, tout frémissants d'émotion pleine.
Je me souviens qu' il a posé son bras autour de mes épaules pour me dire dans un souffle :
Mon plus beau printemps je l'ai vécu près de toi !
Et il m'a raconté...
La mutation des arbres en vaisseaux de pirates.
La mare défendue où les écrevisses se moquaient de nous en se multipliant plus que de raison.
Les zones interdites même aux parents qui ne s'y rendaient que la nuit sans un mot, persuadés que nous dormions...
Les potagers que nous visitions tout en les respectant...Manger des carottes oui, mais juste pour apaiser notre faim.
J'aimais bien quand Michel racontait...
Il était si peu bavard avec les habitants du Monde.

Quand on demandait son âge à Michel, il répondait : J'ai trente et un ans mais pas trente et un printemps... Quelques-uns tout au plus...
Il n'a pas connu les suivants.

Ne me dites pas que je suis triste. Je ne le suis pas car de ces moments secrets et sacrés, je souris encore.
Et toujours.

chourap 001

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